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4 juillet 2016 1 04 /07 /juillet /2016 05:46
le film de la Minimax 2016
le film de la Minimax 2016

La 25ème édition de la Minimax est achevée.

"Deux jours après l'arrivée, je suis encore bien fatigué. Je tangue sur mes deux pieds. Mes souvenirs reviennent en flots désordonnés. Qu'importe, je profite des images filmées à bord de Kergazou, et je revis quelques instants de cette superbe course au large entre Port Camargue et Ajaccio..."

Le film de Kergazou - Minimax 2016

https://www.youtube.com/watch?v=EdZlU0GFj68&feature=youtu.be

Minimax 2016

Le premier jour est un jour d'anthologie pour tous les passionnés de voile. Il fait beau. Un petit Mistral souffle du départ à port Camargue jusqu'à la marque de Porquerolles, soit les 120 premiers milles. Petit Mistral... qui atteint quand même 30 noeuds dans les rafales après le phare du Planier au large de Marseille. Les vagues commencent à être belles. Notre Pogo 8.50 part au surf de plus en plus vite et de plus en plus longtemps. Le speedo ne descend plus en dessous de 12 noeuds...Nous claquons plusieurs surfs au delà de 15 noeuds. Record battu à 16,5 nd. C'est chaud parfois! On fait quelques départs au lof. Mais Kergazou se remet toujours sur la route rapidement. Nous voyons au loin nos adversaires qui sont à fond également. Plus tard, nous saurons que quelques spi ont explosé et qu'il y a eu d'autres péripéties que les régatiers redoutent dans les manoeuvres par gros temps! Certains, par sécurité et sens marin, hissent un génois ou un foc au lieu du spi. Pour le moment, Patrice et moi sommes sur un petit nuage, jusqu'à cet empannage au large du cap Sicié...

"Eh Patrice, t'en dis quoi? on empanne ou pas?". "Mmmmouais...ça souffle fort quand même...". "...25-26nd, tiens! là on dirait que ça baisse un peu". "...Et pis, on l'a bien passé l'an dernier l'empannage. Non?. "...Bon d'accord, on empanne".

Au début ça commence bien. Premier acte, comme appris aux entraînements du CEM, Patrice se met au vent arrière, je bascule le spi bien dans l'axe, je prends les deux barbers à fond, et je choque le hale bas de tangon. Je déroule la moitié du génois (*)...Patrice, campé à la barre, contrôle la trajectoire du bateau avec soin. Puis, la grand-voile passe dans un grand "clac !". Je choque le nouveau bras au niveau de l'étai et nous réussissons à stabiliser le spi sur la nouvelle amure.

Deuxième acte. Je pars à l'avant et je tente de remettre le tangon du bon côté. Mais une vague dévie un peu la trajectoire du bateau. Le spi se dévente et s'enroule autour de l'étai et autour de la balancine. "Lofe Patrice. Lofe !" Patrice essaye de lofer le bateau pour regonfler le spi. Mais rien n'y fait. Il faut rapidement se résoudre à abandonner, et tenter de sauver tout ce qu'on peut. Pendant un bon quart d'heure, c'est la bagarre. Je redescends le spi centimètre par centimètre. Je me retrouve enfin assis sur le paquet de voile et de bouts emmêlés. Le vent souffle fort et j'ai peur que le spi ne m'échappe. Je commence à tout désempêtrer. Mais dans mon obsession pour sauver le spi, je décroche aussi le hale bas de tangon (**). Enfin, j'ai le spi dans les bras et je le ramène à l'arrière du bateau. Puis on déroule le génois en grand. Et... c'est là que le tangon part tranquillement à la flotte. Je me précipite pour l'attraper, mais c'est trop tard. Merde!

Troisième acte, Patrice lofe en grand. Les voiles faseyent. Nous essayons de garder le tangon à vue. Il semble flotter. Mais, Il faut dabord enrouler le génois qui claque fort. Sauvons le génois ! les secondes s'écoulent... et nous finissons par perdre de vue le tangon. "TOB" est quelque part au ras de l'eau, perdu dans les vagues !

Un virement plus tard, nous revenons sur zone. Après 20 minutes d'allers-retours infructueux, nous nous résignons. Le tangon est porté disparu...Patrice abat alors en grand. Je déroule le génois, et nous reprenons la route... J'ai la mort dans l'âme. Après une minutes ou deux, nous voyons des dauphins autour du bateau. Eh, regarde! y a des dauphins! Eh, il y a aussi le tangon! Incroyable! La manoeuvre de repêchage est réussie comme à la parade. Notre rescapé retrouve le pont de Kergazou...

Epilogue. On pourra dire ce qu'on voudra de cette anecdote. Certains douteront. On les comprend. Mais pour Patrice et pour moi, nous n'avons qu'un mot à dire: "Merci" la chance et "Merci" les dauphins!

Un peu de technique: (*) "Dérouler une moitié de génois était une mauvaise idée. Le spi s'est enroulé quand même dans la partie haute de l'étai". (**) "...t'as oublié mon pote qu'un tangon libre sur le pont n'a qu'une idée en tête, foutre le camp".

Minimax 2016

Nos idées maintenant remises en place, nous continuons sous GV haute et génois. ça surfe moins, mais c'est sans risque. Nous passons la marque de Porquerolles vers minuit avec d'autres concurrents. Et malgré nos déboires de fin de journée, nous sommes encore dans le coup au classement. Puis le vent tombe. Nous remettons alors le spi et passons le cap des Mèdes. "C'est tout droit jusqu'à Ajaccio!"

Dans la nuit, le vent remonte progressivement alors que Patrice se repose un peu en bas. Je suis tout seul sur le pont, sous les étoiles et sous spi. Kergazou fonce le long des îles de Port-Cros et du Levant. Les surfs recommencent sur de belles vagues. Jouissance et adrénaline. Je me dis: "Avec 20nd de vent c'est jouable sans problème, le skipper peut dormir sur ses deux oreilles"... Une heure ou deux après, le vent continue à grimper. Le speedo de Kergazou affiche 12-14nd ! "Allez, jusqu'à 25nd de vent, c'est jouable sans problème"... Mince le vent grimpe encore. Je cogne le pont; "Patrice, réveille toi, il faut affaler le spi... fais vite s'il te plait! ". Les minutes sont longues. Patrice est à peine sorti de la cabine quand: nouveau départ au lof ! et pas qu'à moitié. Kergazou reste couché à l'horizontal en pleine nuit. Heureusement, on s'est bien entraîné la veille! On affale tranquillement le spi. Le Pogo 8.50 se redresse et repart. Nous terminons la nuit sous génois et grand-voile haute avec toujours de beau surfs dans les vagues. Au petit matin, la mer est assez grosse. La fatigue se fait sentir et j'ai le mal de mer... Nous décidons de continuer comme cela un moment. La houle est forte toute la journée, et le vent reste soutenu autour de 20nd. Un moment, nous avons la visite des dauphins.

Dans l'après-midi, Serena, le J109 nous rattrape avec Jacques bien droit derrière sa barre à roue. Nous le saurons plus tard, Jacques a eu une belle frayeur quelques heures plus tôt en se coinçant un doigt dans la drisse de spi à l'affalage. Jacques est monté à deux trois mètres au dessus du pont, tiré par la drisse jusqu'au réa traversant le mat ! Coincé là-haut, le doigt dans le réa, il s'en sort in extremis et avec sang froid, en demandant à son fils d'arrêter le pilote pour loffer et détendre la drisse... ça a marché! son doigt a tenu...ouf, un peu bleu quand même.

Le soir arrive. La Corse est déjà en vue. Le vent baisse vers 18h. Notre spi symétrique est déployé à nouveau... Nous avons parcouru 230 Milles en 32 heures. Ca fait un peu plus de 7 noeuds de moyenne. Pas mal non?

A l'approche des Sanguinaires, malheureusement, la pétole annoncée est bien là. A 19:00, nous entendons les vacations radio. Certains sont plantés là, depuis plusieurs heures aux Sanguinaires. Nous décidons de faire le tour par l'extérieur et passer à côté de la balise "Tabernacle". Mauvais choix! avec zéro vent et la houle qui rentre dans la baie, c'est pire! Nous perdons deux milles et 2-3 heures à jouer dans les brises nocturnes légères, au près serré.

Finalement, de mauvais plans en mauvais bords, nous arrivons à 5:00 du matin devant la citadelle où nous attendent patiemment Denis et le Comité. Nous ne sommes pas les derniers! 10ème sur 22 concurrents, en temps compensé toute classe. Heureux et fatigués.

Jean-Louis, qui fait la course en solitaire, est un peu titubant aussi. Nous l'aidons à attraper une bouée sur corps-mort et amarrer son SunFast 3200 au ponton flottant du port Charles Ornano. Nous allons enfin nous coucher. Première manche accomplie.

Minimax 2016

A Ajaccio: repos, petites réparations, discussions, apéros, re-siestes, blagues, baignades, dîners entre amis, avitaillement, etc...Deux jours qui font du bien.

Deuxième manche. Mercredi 30/07 débute la course retour. Même parcours mais à l'envers. Toutes les Météo et fichiers GRIB annoncent très peu de vent pour les 3 prochains jours...Il faudra prendre son mal en patience.

Le départ est donné devant les Sanguinaires à 10h30. Les bateaux passent tranquillement, un à un entre les cailloux. Les photos sont belles. Une très légère brise d'ouest nous accompagne toute la journée. En soirée, il n'y a déjà plus personne autour de nous.

Enfin, nous sommes presque seuls. Il y a encore BlueOne, le first 31.7 qui nous passe à la régulière au près serré. Damien, concentré comme d'habitude, fait un meilleur cap-vitesse dans ce petit temps. La première nuit se déroule avec de très légères brises. Le lendemain matin, c'est pareil. Nos amis de Pelican (A31), BlueOne, et Susana (dufour 40 gte) sont dans les parages. Au moindre souffle d'air, nous corrigeons nos réglages de voiles pour atteindre 1, 2 voire 3 noeuds...à Midi, c'est la pétole...Je cuis sous le soleil. En début d'après-midi une légère brise salutaire de SO se lève enfin.

Vers 17:00, Patrice aperçoit droit devant le souffle d'une baleine. Il doit pousser la barre et laisser passer notre visiteur, un rorqual commun qui poursuit tranquillement son chemin.

Puis, le vent refuse en soirée et forcit un peu à 10-12 noeuds. Kergazou, au près-bon plein, va vite à 7 noeuds. BlueOne est là, 1/2 mille au vent. Au dîner, spaghetti ! A 22h, Patrice commence son premier carre jusqu'à Minuit. En bas, j'essaye de dormir. Pas facile. Au réveil, je prends le deuxième carre pour le reste de la nuit. Mais vers 3h, nous sommes assez proche de Porquerolles. Le phare est déja par notre travers. Patrice grimpe sur le pont, la tablette et la cartographie en main. Facile! Notre atterrissage au Cap des Mèdes est parfait. Nous ne sommes pas seuls. Jean-Louis sur Scheggia (Sunfast 3200) est à quelques mètres, d'autres ne sont pas loin non plus. Difficile de les identifier tous dans la nuit avec leur feux rouge et vert. Nous écoutons les passages successifs à la VHF. Le comité passe une nouvelle nuit blanche...

Minimax 2016

Vers 4h30, c'est notre tour, nous passons la marque de mi-parcours devant le port de Porquerolles. Kergazou est dans le peloton. Pitchi Poï (Rush régate), Petit Fugue (First 27.7), Pelican, Scheggia, nous précèdent de quelques minutes. BlueOne, Big Z (Pogo30) sont un poil derrière. Pal mal. Nous sommes dans le coup ! Au sud des îles du Grand Ribaud, c'est à nouveau la pétole. Kergazou s'extirpe lentement et tire des bords invraisemblables. Parfois au près, parfois... on ne sait pas!... Sans vent et avec du courant, c'est un peu n'importe quoi! Nous passons enfin la bouée cardinale "Jaune-Garde" vers 6:00 du matin. Le vent est léger au 240°. Nous tirons des bords au près. Puis, le soleil se lève au dessus de Porquerolles. Le spectacle est superbe.

Mais la fatigue et la lassitude se font sentir... D'après la météo le vent sera faible toute la journée. Nous décidons de tirer un grand bord au large pour essayer d'attraper le vent synoptique de SO, cap au 190°. BigZ, Petite Fugue et Pelican prennent la même décision. BlueOne, Scheggia tirent à Terre. Qui aura raison?

A environ 10 milles au large, je sens que le vent prend de la gauche. Super, tout se passe comme prévu! Kergazou vire de bord. Cap au 280°, en route directe vers Port-Camargue. Le vent continue à tourner dans le bon sens. En milieu de matinée, nous pouvons hisser le spi. Nous avançons à 3-4 noeuds. C'est tout bon.

Mais ça ne dure pas longtemps. Le calme nous guette. Que dis-je: la bulle, la calmasse, ...la pétole ... La pétole? pour les Suisses et en patois Savoyard, ça veut dire: petite crotte ou crotte de bique. C'est exactement ça toute l'après-midi. Rien, que dalle.... Notre motivation en prend un coup. En soirée, nous ne sommes qu'au large de Marseille.

Discussion avec Patrice: "Combien de temps ça va durer? "... " à mon avis toute la nuit "..."il reste encore 60 milles à couvrir"... " donc notre arrivée n'est plus possible avant demain matin... ou après-midi, et encore c'est pas sûr...". Quelques hésitations... et un dicton: "Quand t'en as marre de pédaler, achète un cyclomoteur". Enfin je ne sais pas si c'est un vrai dicton. Je viens de l'inventer... "Bon allez, ça suffit, on ne va pas passer un jour de plus à merdouiller dans la pétole... et Patrice démarre le moteur". A la VHF, nous annonçons "Comité, comité de Kergazou, à vous...", "...Ici comité, j'écoute...". "Ben voila...on abandonne... euh désolé, enfin merci à tous". Voila c'est terminé...

Bon, c'est pas bien grave. "Après tout, il n'y avait plus de plaisir, donc inutile d'insister". La dernière nuit sera fraiche et étoilée. Et sous les étoiles, les images de cette 25ème Minimax reviennent. Elles sont magnifiques.

Bravo à tous ceux qui ont baroudé pour terminer la deuxième manche et sont arrivés le samedi, BlueOne, Petite Fugue, Pelican, BigZ... La palme revient à Vitamine, le First 35s qui, après trois jours de vents faibles, a bravement terminé avec un coup de Tramontane dans le nez pour rallier Port Camargue!

Enfin, un grand merci aux organisateurs du SNGRPC, tous les accompagnateurs, amis dévoués et bénévoles. A l'année prochaine!

Pas triste la Minimax !

Pas triste la Minimax !

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  • francois-sailing34
  • J'ai  découvert le dériveur à 9 ans en 1972 ! au CVM (Martigues). Régates en Mini, 420, Europe, Laser, Planche. En 1984-88 j'ai rejoint les Crocos de L'Elorn à Brest. Aujourd'hui, je partage ma passion avec le YCGM en baie d'Aigues-Mortes sur des bateaux de 25 à 50 pieds et en croisière.
  • J'ai découvert le dériveur à 9 ans en 1972 ! au CVM (Martigues). Régates en Mini, 420, Europe, Laser, Planche. En 1984-88 j'ai rejoint les Crocos de L'Elorn à Brest. Aujourd'hui, je partage ma passion avec le YCGM en baie d'Aigues-Mortes sur des bateaux de 25 à 50 pieds et en croisière.